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author | David Prévot <taffit> | 2011-08-28 20:53:37 +0000 |
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(fr) Initial translation [ Thomas Blein ] <4E5A8D4B.1040104@tilapin.org>
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Par +distribution communautaire, nous entendons des collections de paquets de +logiciels libres maintenus et distribués par des organisations composées de +bénévoles, où ni l'organisation ni les bénévoles n'ont pour objectif de dégager +un profit de cette activité. Ces distributions communautaires peuvent vendre, +distribuer le produit de leur travail par exemple sur des CD ou des +périphériques de stockage USB, par des téléchargements payants ou par des +distributions gratuites.</p> + +<p> Ce document a été préparé par des avocats du <a +href="http://www.softwarefreedom.org">centre juridique du logiciel libre</a> +(<q>Software Freedom Law Center</q>, SFLC), à la demande du <a +href="http://www.debian.org/">projet Debian</a>, et peut être utile à d'autres +communautés similaires de distribution de logiciels libres. Ses affirmations en +matière juridique sont exactes à la date de rédaction au regard de la loi +américaine, et devraient être applicables à d'autres systèmes législatifs. +Cependant ce document ne constitue pas un conseil juridique. Il n'est pas basé +sur l'analyse d'une situation réelle, et tout avocat apportant une opinion sur +les questions présentées ci-dessous devrait établir les faits et circonstances +qui pourraient modifier ces affirmations dans un contexte particulier. Vous ne +devez pas vous baser sur ce document pour prendre des décisions qui pourraient +affecter les droits ou responsabilités de votre projet dans une situation réelle +sans consulter le SFLC ou d'autres avocats.</p> + +<h1>Notions sur les brevets</h1> + +<h2>Qu'est-ce qu'un brevet ?</h2> + +<p>Un brevet est un monopole d'état accordant à un inventeur les droits +exclusifs de fabriquer, vendre, faire vendre, faire fabriquer, ou importer +l'invention proclamée pour la durée limitée du brevet. Le titulaire du brevet +peut aussi autoriser, de manière exclusive ou non, un ou plusieurs des droits +octroyés.</p> + +<h2>Combien de temps un brevet est-il valable ?</h2> + +<p>En principe, les brevets délivrés ces dernières années par la plupart des +gouvernements expirent 20 ans après la date de dépôt de la demande de brevet. +Les brevets américains avec une date de dépôt antérieure au 8 juin 1995, +fournissent une protection de 17 ans à partir de la date d'attribution ou 20 ans +à partir de la date de dépôt, suivant laquelle de ces dates arrive le plus +tard.</p> + +<p>Il y a des exceptions. La durée d'un brevet peut être étendue par le bureau +de délivrance ou par un tribunal, mais cela arrive rarement pour des brevets +logiciels. La durée peut également être raccourcie par accord avec le demandeur +durant l'<q>examen</q>, c'est-à-dire durant la procédure du bureau des brevets +qui conduit à la délivrance du brevet. Si la durée du brevet a été raccourcie au +cours de l'examen, un <q>avertissement final</q> apparaîtra sur la première page +du brevet.</p> + +<h2>Comment les protections des brevets se différencient-elles des protections +du droit d'auteur ?</h2> + +<p>Le titulaire d'un droit d'auteur a le droit d'empêcher d'autres personnes de +fabriquer des copies non autorisées de programmes protégés par le droit +d'auteur, mais il ne peut pas les empêcher de créer indépendamment un programme +avec les mêmes caractéristiques. La création indépendante est par conséquent un +argument parfait contre l'allégation de violation du droit d'auteur. De plus, +dans tout système de droit d'auteur, l'<q>usage loyal</q> est un argument contre +la violation du droit d'auteur, ou en est une limitation substantielle. Le droit +des brevets ne fait pas d'exception pour l'usage loyal. Ainsi des créations +indépendantes, en vue de recherche ou des ingénieries inverses pour des raisons +d'interopérabilité ou d'éducation ne sont pas des défenses contre des +allégations de contrefaçon de brevets.</p> + +<h2>Existe-il un brevet mondial sur quelque chose ?</h2> + +<p>Pour le moment aucun brevet mondial n'existe. En dehors de l'Union +Européenne, où les demandes peuvent être fusionnées, les brevets doivent être +demandés pour chaque pays dans lequel la protection par brevet est +envisagée.</p> + +<h2>Que sont les revendications d'un brevet ?</h2> + +<p>Les revendications sont la partie la plus importante des brevets. Elles +déterminent les limites de l'invention à laquelle le brevet s'applique. Seules +les revendications définissent ce que les droits exclusifs couvrent. Ainsi +mettre en œuvre ce que définit une revendication sans licence est une +contrefaçon. Il faut donc lire et comprendre les revendications d'un brevet pour +déterminer si un produit ou processus donné est une contrefaçon.</p> + +<p>Chaque revendication est une seule phrase. Les revendications commencent par +un <q>préambule</q> suivi par une ou plusieurs <q>limitations</q>.</p> + +<p>Un logiciel (ou système embarquant le logiciel) viole un brevet lorsque il +implémente tout ce qui est cité dans une des revendications du brevet. Si vous +ne mettez pas en œuvre l'un (ou plusieurs) des éléments d'une revendication, il +ne s'agit pas d'une violation directe de la revendication.</p> + +<h2>Que sont des revendications indépendantes ?</h2> + +<p>Une revendication de brevet est appelée <q>indépendante</q>, si elle ne fait +référence à aucune autre revendication du brevet.</p> + +<h2>Que sont des revendications dépendantes ?</h2> + +<p>Les revendications dépendantes incorporent explicitement du contenu d'autres +revendications dans le brevet. Une revendication dépendante a une portée +nécessairement plus restreinte que la revendication dont elle dépend, parce +qu'elle comprend une ou plusieurs limitations additionnelles. En termes de +diagramme de Venn, la zone de couverture d'une revendication dépendante est +entièrement comprise dans la zone de couverture de la revendication qu'elle +référence.</p> + +<h2>Comment les revendications des brevets logiciels sont-elles écrites ?</h2> + +<p>Les revendications des brevets logiciels récemment publiés prennent souvent +la forme de revendications de <q>système</q> ou d'<q>équipement</q>, de +revendications de <q>méthode</q> et de revendications de <q>produit de +programmes informatiques</q> ou de <q>supports lisibles par ordinateur</q>. Les +revendications de système énumèrent les éléments d'un système (qui peut inclure +un ou plusieurs ordinateurs) comme une sorte de machine ou un objet statique. +Les revendications de méthode sont sous forme d'algorithmes. Les revendications +de supports lisibles par ordinateur dupliquent typiquement les limitations +trouvées dans les revendications de système ou de méthode correspondantes du +brevet, mais ont pour but de couvrir les logiciels matérialisés dans des +supports de stockage ou de distribution. Les revendications de supports lisibles +par ordinateur sont aussi souvent utilisées lors de la revendication +d'inventions qui se focalisent sur la structure des données et les interfaces +utilisateur.</p> + +<h1>Enfreindre un brevet</h1> + +<h2>Que veut dire <q>responsabilité civile concernant les brevets</q> ?</h2> + +<p>La responsabilité civile est une responsabilité juridique applicable par un +tribunal. Dans ce document, nous utiliserons <q>responsabilité civile concernant +les brevets</q> pour inclure les ordres qu'un tribunal peut donner si une partie +est convaincue de contrefaçon de brevet. Par exemple, une fois qu'une partie est +convaincue de contrefaçon, un tribunal peut lui ordonner de payer une somme +d'argent au titulaire du brevet, appelé <q>dommages et intérêts</q>, et/ou +d'arrêter les activités en infraction, ce qui est appelé une +<q>injonction</q>.</p> + +<h2>Que veut dire <q>enfreindre</q> un brevet?</h2> + +<p>Enfreindre un brevet veut dire mettre en œuvre une ou plusieurs de ses +revendications sans autorisation. Si quelqu'un utilise, fabrique, vend, fait +fabriquer, fait vendre ou importe des logiciels qui pratiquent tous les éléments +énoncés par une revendication d'un brevet, ce brevet est enfreint par ce +logiciel.</p> + +<p>Il est possible d'être convaincu de contrefaçon sans directement enfreindre +le brevet. <q>Contribuer à</q> ou <q>induire</q> des contrefaçons peuvent +également donner lieu à des actions en responsabilité civile.</p> + +<h2>Qu'est-ce qu'induire une contrefaçon ?</h2> + +<p><q>Induire une contrefaçon</q> veut dire encourager activement quelqu'un +à enfreindre un brevet. Pour engager la responsabilité civile de la partie +accusée, il faut prouver qu'elle voulait provoquer l'infraction par une tierce +partie. De plus, l'incitateur doit soit connaître soit suspecter fortement +l'existence du brevet et faire tout pour ne pas le savoir. Si par exemple, une +documentation est écrite par quelqu'un qui connaît l'existence des +revendications du brevet, et que cette documentation explique comment utiliser +le programme de manière illicite, les instructions peuvent être prises pour +induire une contrefaçon. Quand une communauté de bénévoles maintient un logiciel +et sa documentation associée, à moins que le bénévole qui produit la +documentation ne connaisse le brevet prétendument contrefait, il ne peut pas +induire de contrefaçon.</p> + +<h2>Qu'est-ce qu'une complicité de contrefaçon ?</h2> + +<p>Une <q>complicité de contrefaçon</q> veut dire fournir une assistance +matérielle au contrefacteur du brevet. Dans le contexte des logiciels, cela veut +dire fournir un logiciel non illicite qui pourrait être combiné avec d'autres +logiciels ou matériels pour produire un système illicite. La complicité de +contrefaçon implique aussi la connaissance du brevet contrefait. De plus si le +logiciel a de nombreuses utilisations non illicites, le fournir n'est pas une +complicité de contrefaçon, même s'il est utilisé par la suite dans des +combinaisons illicites.</p> + +<h2>Quelles sont les conséquences de la contrefaçon de brevet ?</h2> + +<p>Si une partie est convaincue de contrefaçon de brevet, les tribunaux peuvent +ordonner l'arrêt de l'activité illicite, le payement de dommages et intérêts +pour la contrefaçon passée ou les deux à la fois. Dans ce document nous +utilisons le terme <q>responsabilité civile concernant les brevets</q> pour +inclure toutes ces conséquences.</p> + +<h2>Qu'est-ce qu'une injonction ?</h2> + +<p>Une injonction est un ordre du tribunal donné à une ou plusieurs personnes de +faire quelque chose ou d'éviter de faire quelque chose. Enfreindre une +injonction conduit à être accusé d'outrage à magistrat. Les injonctions peuvent +être <q>préliminaires</q>, pour empêcher tout changement d'état pendant la +procédure, ou <q>permanentes</q>, pour ordonner ou interdire un comportement en +tant que réparation à la fin de l'action judiciaire, une fois que la +responsabilité a été établie. Une injonction préliminaire pour empêcher toute +contrefaçon pendant la procédure peut être délivrée si le tribunal pense que les +dommages et intérêts octroyés à la fin du procès seront insuffisants pour +protéger les droits du titulaire, et s'il pense que la réussite de l'accusation +est plausible et que l'intérêt public ne sera pas lésé par l'injonction. Une +injonction permanente pour empêcher la poursuite de l'activité de contrefaçon +peut être le résultat de l'établissement d'une responsabilité dans une +contrefaçon.</p> + +<h2>Des injonctions peuvent-elles être dirigées contre des distributions de +logiciels libres ?</h2> + +<p>Oui. Si la distribution de logiciels libres est convaincue de contrefaçon +à l'encontre d'un brevet valide, une injonction permanente contre la +distribution du programme ou de la fonctionnalité illicite peut bien avoir +lieu.</p> + +<p>Il est par contre peu probable qu'une telle injonction empêche la +distribution de la distribution complète ou même d'un paquet entier. Plus +probablement, une fonctionnalité ou un ensemble de fonctionnalités devront être +désactivés, modifiés afin que le logiciel ne soit plus en infraction ou retirés +complètement, dans les pays où le constat de contrefaçon a été fait.</p> + +<p>De plus, l'invention d'une alternative aux revendications du brevet en jeu +peut même empêcher qu'une fonctionnalité ou un ensemble de fonctionnalités ne +soient supprimés. Une fois qu'un élément d'une revendication d'un brevet n'est +plus mis en œuvre, comme nous l'avons dit, la revendication du brevet n'est +plus enfreinte. Dans les procédures américaines concernant les brevets, le +moment crucial de la définition apparaît dans ce que l'on appelle +<q><em>Markman</em> hearing</q>, une audience préliminaire, après laquelle le +tribunal rend une décision définitive sur ce que les revendications du brevet en +question signifient pour ce procès. Une fois que cette audience a eu lieu, et +que le domaine de la revendication a été réduit et défini, il devient plus +facile de concevoir des alternatives.</p> + +<h2>Que sont les dommages et intérêts ?</h2> + +<p>En droit des brevets, les dommages et intérêts sont de l'argent attribué par +le tribunal au plaignant quand l'accusé a été reconnu coupable de contrefaçon de +brevet. Alors que la loi ne prévoit aucune limite maximale aux dommages et +intérêts pour contrefaçon de brevet, elle prévoit un minimum — une redevance +juste pour l'utilisation faite de l'invention par le contrevenant. De plus, le +tribunal peut demander des dommages et intérêts supérieurs, jusqu'à trois fois +les dommages et intérêts réels, en cas de contrefaçon délibérée.</p> + +<h2>Qu'est ce qu'une contrefaçon délibérée ?</h2> + +<p>Une contrefaçon délibérée a lieu quand le contrevenant connaissait le brevet, +à moins que le contrevenant ne pense de bonne foi que le brevet était invalide, +ou que sa conduite ne l'enfreignait pas. Le titulaire du brevet doit montrer +tous les éléments du caractère intentionnel et, dans les tribunaux américains, +ces éléments doivent être d'un niveau de preuve supérieur, appelé <q>preuve +claire et convaincante</q>.</p> + +<h2>Je n'avais aucune connaissance préalable du brevet, puis-je quand même être +jugé responsable ?</h2> + +<p>La connaissance du brevet n'est en général pas requise si la partie est +accusée de contrefaçon directe. Pour être reconnu coupable d'induire ou +contribuer à la contrefaçon, comme nous l'avons dit, la connaissance du brevet +ou des efforts spécifiques pour échapper à sa connaissance sont requis.</p> + +<p>En pratique, les titulaires de brevets demandent à ceux qu'ils soupçonnent +d'enfreindre leur brevet de prendre des licences. Si la partie prend les +licences offertes, le titulaire perçoit des droits sans intenter un procès pour +cela. Si la partie refuse les licences, le titulaire du brevet les met en +demeure et il est alors en position de revendiquer la contrefaçon délibérée, ce +qui a pour résultat d'augmenter les dommages et intérêts et de récupérer les +frais d'avocats. Il est possible mais non certain qu'avant qu'une distribution +communautaire soit poursuivie pour contrefaçon de brevet, elle reçoive au moins +une lettre demandant la prise d'une licence.</p> + +<h2>Et si l'infraction était accidentelle, involontaire et non +intentionnelle ?</h2> + +<p>Une infraction non intentionnelle ou accidentelle ne peut être volontaire, +comme nous l'avons dit précédemment. De même on ne peut ni contribuer ni induire +de contrefaçon accidentelle, sachant que la connaissance et l'intention sont +toutes deux requises. Mais quelqu'un peut être coupable d'infraction directe, +sans connaissance ou intention, en utilisant, vendant, fabricant ou faisant +faire un logiciel illicite.</p> + +<h2>Comment puis-je avoir connaissance d'un brevet ?</h2> + +<p>Il y a des moyens innombrables par lesquels vous pouvez prendre connaissance +de l'existence d'un brevet. En plus d'être contacté directement par le titulaire +d'un brevet, vous pouvez apprendre l'existence d'un brevet particulier via les +recherches internet, les listes de diffusion, en relation avec votre emploi, +etc. Si vous avez connaissance d'un brevet qui vous concerne, il est préférable +que vous en parliez avec un avocat plutôt que de partager ce savoir ou cette +hypothèse sur un forum public.</p> + +<h2>Quelles sont les défenses possibles dans une action en contrefaçon de +brevet ?</h2> + +<p>Il faut remarquer d'abord qu'il existe différentes défenses selon les faits et +circonstances précis d'une situation. C'est le travail de l'avocat de +repérer et développer ces types de défenses. Certaines défenses sont ou +peuvent être présentes dans beaucoup de cas et notamment les suivantes.</p> + +<p>Autorisation : vous n'êtes pas coupable de contrefaçon si vous avez la +permission d'utiliser les revendications. Une telle permission doit être +explicite. Une permission explicite est appelée une <q>licence</q>. Une +permission peut aussi être implicite : elle peut résulter d'un comportement +du propriétaire du brevet ou de ses déclarations qui semblent constituer une permission et sur +lesquels vous vous basez. (Les avocats appellent cela <q>estoppel</q>.) +Cela peut aussi résulter d'une pure inaction du titulaire du brevet, qui permet +effectivement la contrefaçon en <q>s'endormant sur ses +droits</q>, ce que les avocats appellent <q>inertie</q>.</p> + +<p>Absence de contrefaçon : établir l'absence de contrefaçon consiste à +démontrer qu'aucune des revendications n'est réellement décrite dans le +logiciel accusé. En d'autre termes, le logiciel n'implémente pas réellement tous +les éléments qui ont été énoncés dans les revendications.</p> + +<p>Invalidité : si le brevet est invalide, il ne peut pas être contrefait. +L'invalidité peut être démontrée en prouvant que le contenu du brevet est en +dehors du domaine du droit des brevets. Elle peut être également établie en +démontrant, sous la loi américaine, que le brevet est <q>non novateur</q> ou +<q>évident</q>. En vertu du droit des brevets, pour qu'un brevet soit valide, +les revendications doivent êtres utiles, praticables, innovantes et non évidentes +pour une <q>personne ayant des compétences ordinaires dans le domaine concerné</q> au moment +où l'invention a été faite. Une défense utilisant l'invalidité montre que le brevet ne +remplit pas l'une de ces conditions.</p> + +<h1>Le risque des brevets pour une distribution communautaire</h1> + +<h2>Pouvez-vous donner un exemple de procès pour contrefaçon de brevet contre +une communauté de logiciels libres ?</h2> + +<p>Non. Heureusement peu de cas existent et aucun ne s'est terminé par un jugement +définitif. Jusqu'à maintenant, aucun tribunal n'a jamais abordé ces +questions en relation avec une distribution de logiciels libres. Nous pensons que c'est +parce que les communautés de logiciels libres n'ont pas les <q>poches +assez profondes</q> pour payer des droits. Poursuivre en justice des développeurs +qui n'ont pas de revenus importants fait une mauvaise presse aux titulaires de +brevets, sans parvenir à aucun résultat utile.</p> + +<h2>Nous sommes une distribution de logiciels libres et nous ne gagnons pas +d'argent. Comment allons nous payer des dommages et intérêts s'ils nous sont +demandés ?</h2> + +<p>Cette question, comme d'autres questions similaires à propos des risques et +responsabilités juridiques des projets, dépend beaucoup de leur +structure juridique précise et de leurs relations commerciales. Il n'y a pas de réponse +générale sur la façon dont les projets peuvent faire face aux risques +juridiques, comme le risque de dommages et intérêts pour les contrefaçons de +brevet. Beaucoup d'organisations et notamment la <a +href="http://www.softwarefreedom.org">SFLC</a>, la <a +href="http://sfconservancy.org/">Software Freedom Conservancy</a>, la <a +href="http://www.apache.org/">Fondation Apache</a>, la <a +href="http://www.fsf.org">Free Software Foundation</a>, la <a +href="http://www.spi-inc.org/">Software in the Public Interest</a> +aident les projets à s'inscrire dans un cadre légal et peuvent utilement +aborder ces questions à un niveau général. +Si votre distribution ou un projet à l'intérieur de votre +distribution pense faire face à un problème de responsabilité +civile, vous devez nous consulter ou l'une des organisations nommées +précédemment.</p> + +<h2>Nous sommes une distribution de logiciels libres et nous gagnons de +l'argent. Est-ce que cela nous rend plus susceptible d'être poursuivi pour +contrefaçon de brevet ?</h2> + +<p>Toute personne ayant des revenus est une cible plus attractive +pour un titulaire de brevet que quelqu'un qui ne gagne pas de quoi payer +des dommages et intérêts. Une distribution communautaire +qui n'a absolument aucun revenu n'est pas une cible attractive. Mais, même si +vous faites quelques centaines de milliers de dollars de vente par an, en +comparaison des profits d'entreprise comme Microsoft ou même Red Hat, +vous ne valez pas les frais de procédure aux yeux d'un troll des brevets ou +de plaignants calculateurs.</p> + +<h2>J'ai entendu dire que distribuer du code source est plus sûr que distribuer +du code compilé. Est-ce vrai ?</h2> + +<p>Oui. Distribuer du code source est probablement plus sûr que de distribuer +des binaires pour plusieurs raisons. Premièrement, le code source, comme la +divulgation du brevet elle-même, montre comment l'invention fonctionne, au lieu +d'être l'invention elle-même. Si du code source seul peut enfreindre un brevet, +il est difficile de comprendre comment distribuer des photocopies du brevet +lui-même ne l'enfreindrait pas. Deuxièmement, aux États-Unis, les tribunaux +<em>pourraient</em> considérer, c'est en tout cas ce que nous croyons, que le +code source est une forme de discours, ce qui placerait ainsi le code source +sous la protection du Premier Amendement. Nous savons peu de choses sur la +manière dont la Cour Suprême harmoniserait la loi des brevets avec le +Premier Amendement. À la SFLC nous avons envoyé plusieurs dossiers à la Cour +Suprême abordant ces problèmes, mais ils ne sont jamais arrivés jusqu'à la Cour +ou celle-ci n'a jamais statué à leur sujet. De plus, comme mentionné ci-dessus, +la responsabilité pour contrefaçon de brevet peut être imposée quand on permet +à quelqu'un de contrefaire un brevet ou quand on l'incite à le +faire. Mais les exigences en matière de connaissance et d'intention sont plus strictes dans les cas de responsabilité secondaire. +Puisqu'un utilisateur doit d'abord compiler le code source et installer le +logiciel pour contrefaire un brevet, il est probable qu'un tribunal ne +considèrera pas une communauté comme responsable d'incitation ou de contribution à la contrefaçon.</p> + +<h2>Dans le cadre d'un projet de distribution communautaire, qui risque le plus +d'être poursuivi pour contrefaçon de brevet ?</h2> + +<p>Il s'agit d'un problème pour l'agresseur potentiel, plus que pour +la distribution. Une distribution communautaire composée de bénévoles, sans +structure hiérarchique de travail ou de supervision, ne peut pas être +poursuivie en attaquant <q>la tête</q>. Si la contrefaçon implique +intention et connaissance ou efforts spécifiques de ne pas savoir, +comme c'est le cas pour l'incitation ou la contribution à la +contrefaçon, l'individu avec une telle intention et connaissance doit +probablement être trouvé et poursuivi en personne. Si les gens qui ont écrit le code et la +documentation ne lisent pas les brevets et que les bénévoles qui ont développé +le code pour un paquet ne maintiennent pas ce même paquet ou un paquet associé, +il peut s'avérer difficile pour l'agresseur de poursuivre quelqu'un.</p> + +<p>Les particularités d'une situation donnée, cependant, sont indubitablement +cruciales. Comme pour tous les problèmes de ce genre, si vous croyez qu'un brevet +risque d'être brandi contre votre distribution ou ses bénévoles, +vous devez contacter la SFLC ou un autre avocat immédiatement.</p> + +<h2>Suggérez-vous qu'il est préférable pour les développeurs et les +contributeurs de ne pas lire les brevets ? Et si oui, pourquoi ?</h2> + +<p>Oui. Malheureusement, le droit des brevets américains démotive la recherche +de brevets, même si une des principales justifications données pour +le système des brevets est que le brevet fait connaître au public une +invention qui pourrait sinon être tenue secrète. La contrefaçon <q>délibérée</q> +expose le contrevenant à une augmentation des dommages et intérêts quand il +connait le brevet et veut le contrefaire. Lire des brevets augmente +la probabilité que des contrefaçons ultérieures soient considérées comme +volontaires. De plus, nous pensons que les développeurs supposent souvent que +les brevets ont une portée plus large qu'elle n'est en réalité. +Ainsi ces développeurs deviennent excessivement et inutilement inquiets. Si en +dépit de ceci, vous avez l'intention de mener une recherche de brevet, vous +devez demander d'abord des conseils juridiques.</p> + +<h2>Je suis en dehors des États-Unis. Faut-il m'inquiéter de quelque +chose ?</h2> + +<p>Bien que la plupart des pays soient membres de l'Organisation Mondiale de la +Propriété Intellectuelle (OMPI) et signataires du traité de coopération +sur les brevets (<q>Patent Cooperation Treaty</q>, PCT), les grandes sociétés +limitent généralement leurs activités d'acquisition de brevets aux <q>Trois +Grands</q> : les États-Unis, l'Union Européenne et le Japon. Elles considèrent +cette protection comme suffisante. Cependant certaines entreprises +remplissent de plus en plus de demandes de brevets en Chine avec +l'espoir que le droit des brevets sera finalement respecté de manière +satisfaisante par le gouvernement et la communauté des affaires. De plus, certaines +grandes sociétés multinationales appartenant à d'autres juridictions, comme la Corée ou le +Canada, remplissent des demandes de brevet dans leur propre pays +avant de remplir des demandes de brevet internationales. En Inde, quelques +logiciels ont été brevetés malgré une déclaration officielle claire disant qu'un +logiciel <em>per se</em> n'est pas brevetable. SFLC en Inde a commencé +à récuser ce type de brevet.</p> + +<p>Cependant quelque soit l'endroit où vous travaillez, les logiciels qui enfreignent des brevets +ne peuvent pas être importés dans les pays où ces brevets ont été émis. +Se pose ainsi le problème de savoir comment atteindre vos utilisateurs.</p> +<p>Comme toujours, la consultation d'un avocat local est un bon point de +départ si vous avez des interrogations sur les risques liés à votre situation.</p> + +<h2>Existe-t-il des directives pour limiter nos risques de contrefaçon de +brevet ?</h2> + +<p>Oui. Ce document a pour but d'informer sur les risques liés aux brevets. +Et, bien qu'il soit difficile de donner des conseils pour chaque situation +particulière, on peut en extraire quelques règles.</p> + +<ul> + + <li><p>Lire des brevets, particulièrement en cherchant comment concevoir une + contribution à votre projet de logiciels libres, peut exposer les communautés + à une responsabilité qu'elles n'auraient pas encourue sans cela.</p></li> + + <li><p>Les membres d'une communauté de logiciels libres qui distribuent du + code source et pas de code compilé courent probablement moins de + risque par rapport aux brevets.</p></li> + + <li><p>Distribuer commercialement des logiciels libres est probablement plus + risqué que de distribuer des logiciels gratuitement.</p></li> + + <li><p>Pouvoir retirer rapidement et facilement des fonctionnalités et des paquets + de la distribution aidera à atténuer les dommages et + intérêts qui pourraient incomber à la communauté.</p></li> + + <li><p>Les litiges relatifs aux brevets ne sont pas un sport d'amateur. Si quelqu'un + vous contacte et vous menace de faire valoir un brevet contre vous, + contactez le centre juridique du logiciel libre ou un autre avocat qualifié + dès que possible.</p></li> + +</ul> + +<hr /> + +<p><strong>Remerciements.</strong> Ce document a été préparé par des avocats de +SFLC, avec des contributions de Stefano Zacchiroli, au nom du projet Debian.</p> + |